Depuis ma déclaration de candidature le 18 mars, j’ai parcouru chaque semaine tous les recoins de notre belle circonscription vallonnée, de Châtillon-sur-Seine à la Roche-en-Brénil, d’Is-sur-Tille à Epoisses, de Courcelles-les-Semur à Baigneux-les-Juifs, de Semur-en-Auxois à Recey-sur-Ource, de Vitteaux à Montbard, de Venarey à Précy-sous-Thil, et tant d’autres communes encore, à écouter et à débattre avec humilité et passion avec ses habitants, ses entrepreneurs, ses agriculteurs, ses associatifs, ses élus, ses jeunes, et à diffuser mes idées au travers de milliers de programmes que nombre d’entre vous ont reçus de la main à la main ou découverts dans vos boîtes aux lettres et en ligne.
Au travers de ma campagne citoyenne, j’ai voulu rompre avec les vieilles solutions et faire entendre les voix, les aspirations, les passions, les besoins et les défis d’une nouvelle génération. Pourquoi en indépendant ? Aujourd’hui, la Révolution numérique permet aux citoyens d’acquérir de nouvelles capacités d’action, qui se doublent à mes yeux d’un impératif de participation. Si le citoyen était jusqu’ici celui qui a « droit de cité », au 21e siècle, pourvu de nouveaux pouvoirs mais aussi de nouvelles responsabilités, il est celui qui a « devoir de cité », surtout à l’heure où les partis politiques sont tombés en panne.
Mais avec une extrême droite nationaliste et xénophobe arrivée plus proche que jamais aux portes du pouvoir, risquant d’entraîner la ruine économique et morale de la République, l’élection présidentielle change la donne à mes yeux. La banalisation des idées de repli sur soi et de haine de l’autre est plus qu’intolérable ; c’est une insulte faite à la France des Lumières et de la Révolution, à laquelle je ne peux me résigner.
Or, dans la 4e circonscription de Côte-d’Or, ses scores ont été les plus élevés du département. Cumulé à l’abstention et à la défiance, l’éparpillement des voix républicaines entre de nombreuses candidatures, dans des camps très divisés, risque de bénéficier lors des législatives à un parti qui n’a aucune solution à offrir aux défis du 21e siècle mais dont les affiches balafrent notre région. Ce risque est trop grand.
C’est pourquoi j’ai décidé de suspendre ma campagne. Mêmes modestes, les voix que j’avais acquises et que j’aurais pu accumuler en la poursuivant pourront ainsi être reportées sur les candidats du front républicain dès le premier tour et contribuer à amoindrir puis défaire la menace de l’extrême droite. Ce front républicain vit ses derniers jours mais il peut encore éviter un « 21 avril législatif ». Et limiter le nombre de députés d’extrême droite, c’est empêcher celle-ci de devenir la première force d’opposition du pays. Cette décision m’est d’autant plus facile à prendre que pour moi, la politique n’est pas une fin en soi mais un chemin parmi d’autres pour améliorer le dur quotidien de nos concitoyens.
J’ai vu et touché la colère des gens. J’ai observé une détresse sociale sans fond, un grave désœuvrement, du désespoir. Dans la Haute Côte-d’Or, trop de communes ont vu les rideaux de fer se fermer, et les petits commerces se sont réduits comme peau de chagrin. Beaucoup d’agriculteurs sont à la peine. Les jeunes partis étudier ne reviennent plus, et nombre de ceux restés sur place sont parmi les premiers touchés par les fractures sociales. La révolte qu’ils expriment est naturelle, légitime, saine. Mais si de nombreux soucis formulés sont bien réels, l’extrême droite nous entraîne, elle, sur une pente idéologiquement dangereuse.
Dans un monde ouvert, il ne faut pas se replier mais armer chaque citoyen pour qu’il puisse lutter à son échelle contre les forces de la mondialisation. De vraies solutions existent pour cela. « Big Bang » de la formation, meilleure orientation à l’école, soutien à l’entrepreneuriat, accompagnement dans les démarches administratives, lutte contre la fracture territoriale et numérique, réforme de la fiscalité dans le sens de la progressivité, combat contre les paradis fiscaux pour récupérer le dû des gros fraudeurs et financer des politiques ambitieuses, et réforme du système politique : le député peut porter de nouvelles lois pour remettre la société en mouvement.
C’est dans cet esprit que j’ai animé ma candidature jusqu’ici, avec au cœur l’envie sincère de porter des idées visant à concilier mondialisation et lutte contre les fractures territoriales.
Après tout ce temps passé dans celle qui est la plus grande circonscription de France, je constate que les initiatives citoyennes annoncent des révolutions en devenir dans un système politique exsangue qui ne fait qu’entamer sa recomposition mais arrivent encore trop tôt, surtout dans la période de profond désenchantement politique actuelle.
Je suspends ma campagne mais ne renonce ni n’abandonne. Au contraire, je garde confiance : avec de la volonté et du dynamisme, nous pouvons créer en Haute Côte-d’Or et en France les opportunités que la jeunesse doit aller trouver ailleurs depuis trop longtemps, et ce, afin de bâtir une République nouvelle, dynamique, où les destinées se forgeront au mérite et non plus à la naissance.
Niels Planel
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